Culture – Travail monumental de Martin Guyaux à la station Botanique

Un Carolo dans le métro bruxellois

MARCEL LEROY

Le métro de Bruxelles est un véritable musée d’art contemporain. Aujourd’hui, plus de septante oeuvres d’art décorent les stations : peintures murales, sculptures, intégrations artistiques… Ce mardi, quatre créations d’artistes contemporains sont venues rejoindre officiellement les collections et ont été inaugurées en grande pompe. Jephan de Villiers (prémétro Albert), Jacques Bage (gare du Midi), Jan Vanriet (De Brouckère) et le Carolo Martin Guyaux (Botanique) sont les créateurs retenus cette fois.

Dégaine de débardeur sous un grand chapeau noir, cheveux longs et barbe de chanteur country, le sculpteur carolorégien Martin Guyaux transmet sa passion aux étudiants de l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles. Au cou, une croix de vie égyptienne, fine lamelle de bronze : Je n’ai jamais oublié mon voyage en Egypte. Les hiéroglyphes, les pyramides. Cette croix, je l’ai sculptée aussi. Si j’aime les oeuvres monumentales, je me passionne autant pour les petits formats. Ce qui importe, c’est la part de rêve…

Dans les profondeurs du métro, l’artiste s’assied parfois pour boire un café et bavarder avec le serveur qui lui décrit le comportement des voyageurs devant ses sculptures. C’est un magma solaire qui a traversé la nuit du temps et passe par les portes du rêve. L’idée est d’inviter les gens à voyager en imagination, à sortir du cadre quotidien du métro. Quand j’ai vu cette station, j’ai su que j’avais envie de travailler dans cet espace de la ville. La plus grande sculpture, c’est la ville elle-même.

A la fin de l’école primaire, Guyaux s’est inscrit aux Beaux-Arts à Charleroi, où il a appris la sculpture avec Alphonse Darville. Il a fait du modelage mécanique dans une entreprise. Je dessinais des hélices de bateau et des pièces de moteur destinées à être coulées dans des métaux précis. Un jour, à la fonderie, j’ai été émerveillé par la grande poche de fonte en fusion.

A Bruxelles, il s’est inscrit à l’académie. Le professeur lui a demandé ce qu’il pouvait encore lui apprendre. Guyaux a fait cinq années en une. Et, plus tard, il est devenu chef d’atelier et professeur, prenant le relais du sculpteur Debonnaire. Trente étudiants travaillent dans mon atelier. Je leur demande d’aller au bout de ce qu’ils ont dans la tête.

Il a exposé à Taiwan, ses oeuvres figurent dans de nombreux musées, il a reçu des prix et rêve d’exposer à New York, la ville des villes. Il construit des monuments, ainsi l’ensemble qui jouxte le ministère des Finances, à Charleroi. Vers l’été, toujours à Charleroi, des mains de bronze – 11 mètres de haut, 30 tonnes – marqueront le rond-point du palais des Beaux-Arts.·

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